M-Pesa au Kenya a transformé l’Afrique en apportant la banque mobile à des millions de consommateurs. Même une banque s’y met maintenant, la Equity Bank.
S’il y a une institution que le touriste voit dans tout le Kenya, ce sont les kiosques M-Pesa aux couleurs vertes et blanches. Même dans les villages les plus isolés se trouve en général encore un kiosque qui offre les services de monnaie mobile. Il y en aurait plus de 81.000 kiosques rien que pour M-Pesa au Kenya.
Le service lancé en 2007 par la succursale kenyane Safaricom de l’opérateur de téléphonie mobile Vodafone a révolutionné le continent africain comme peu d’autres innovations.
L’idée était d’apporter la banque aux centaines de millions d’Africains qui n’ont pas accès à un compte en banque. Leur nombre varie d’un pays à l’autre, mais dépasse en général la moitié de la population.
M-Pesa a transformé les téléphones mobiles en banque. Comme les opérateurs de téléphonie adossent à chaque numéro de téléphone un compte client, c’est ce compte-là qui se transforme en compte bancaire. Au lieu de verser sur ce compte uniquement le dû pour les conversations, les clients peuvent alimenter leur compte de sommes supplémentaires et transférer de l’argent d’un compte de téléphone mobile à un autre – en envoyant tout simplement un texto.
Grâce aux milliers de kiosques Safaricom répartis dans tout le pays, les utilisateurs M-Pesa peuvent les utiliser pour verser du liquide sur le compte ou pour en retirer.
Aujourd’hui 43% de la produit intérieur brut kenyan seraient réglés selon le magazine anglais The Economist grâce aux services de la banque mobile.
26,6 millions d’utilisateurs comptait Safaricom fin septembre 2016, dont 17,6 millions d’utilisateurs M-Pesa sur une population totale estimée pour le Kenya à environ 45 millions d’habitants. Rien que M-Pesa a rapporté à Safaricom un chiffre d’affaires de 25,9 milliards de shillings kenyans soit 236 millions d’euros.
Cela montre à quel point les petites redevances Safaricom demande aux utilisateurs M-Pesa rapportent gros, d’autant plus que le téléphone mobile fait aujourd’hui partie intégrante de la vie quotidienne au Kenya.
39,7 millions de Kenyans avaient souscrit à un contrat de téléphone mobile fin juin 2016 soit 90% de la population.
Le succès de Safaricom, la forte pénétration du téléphone mobile, l’extension du réseau 4G/LTE ainsi que l’avancée des smartphones attirent les convoitises de plus en plus d’opérateurs. Des services comme Airtel Money, Orange Money ou bien Mobikash essaient de grignoter des parts de marché à Safaricom.
Maintenant, il y a une banque traditionnelle qui se lance dans la banque mobile au Kenya. Et ce n’est pas n’importe qui : La Equity Bank a lancé cet été sous le nom de Equitel un service de banque mobile rendant ainsi la concurrence dans ce secteur encore plus dure. La banque remporte un succès inattendu sur ce marché hautement concurrentielle.
Mais il est vrai que Equity Bank est elle-même un mythe dans la finance kenyane comme c’est une des rares banques vraiment locales qui n’a aucun passé colonial. Créée en 1984 par Peter Munga, la banque se limitait à ses débuts aux financements immobiliers pour les plus démunis dans le pays. Les premières années furent extrêmement difficiles, Munga frôlant plusieurs fois l’échec total. Aujourd’hui Equity Bank est un des plus importants groupes bancaires en Afrique de l’est avec des activités en Ouganda, Tanzanie, au Soudan du Sud, au Rwanda et dans la RD Congo s’appuyant sur une base dépassant les 10 millions de clients.
Fidèle à ses origines, la Equity Bank, dirigée par son directeur général James Mwangi, est toujours considérée comme étant la banque du Kenyan moyen. C’est ce qui rend son attaque dans la banque mobile tellement dangereuse pour nombre d’opérateurs de téléphonie. Avec une part de marché de plus de 14%, Equitel devance déjà Airtel Money, Orange Money et Mobikash en ce qui concerne le volume des transactions effectuées.
Safaricom reste certes le leader de marché incontesté avec une part de marché de 84%. Mais l’avancée de Equitel pourrait bel et bien précipiter une concentration sur le marché du paiement mobile.
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