Le Nord est riche, et le Sud est pauvre ? Faux, c’est le contraire : Le Nord va souffrir du vieillissement alors que le Sud profitera de sa jeunesse. L’Europe ne pourra concevoir son avenir sans intégrer l’Afrique.
En moins de cent ans la balance va se renverser complètement : En 1950, un quart de la population mondiale vivait en Europe, 10% seulement en Afrique. Dans 30 ans environ, en 2050, les Européens ne représenteront plus que 10% de la population mondiale, les Africains un quart.
En Europe, les personnes âgées de plus de 65 ans représenteront déjà 16% de leur population et pomperont de plus en plus les ressources de l’Etat-providence, pour les retraites, les dépenses de santé et leur prise en charge.
En Afrique, ce sera tout le contraire. Les personnes âgées de plus de 65 ans ne représenteront en 2050 que 4% de la population du continent. Les jeunes et les enfants de moins de 15 ans feront le poids sur le continent avec 40% de la population.
Les défis de l’Afrique et de l’Europe sont presque opposés : Les sociétés dans le nord doivent gérer non seulement le vieillissement, mais aussi la stagnation démographique alors que le Sud doit faire face au challenge de créer suffisamment d’emplois industriels, de formations professionnelles, des écoles, des hôpitaux, les routes, les chemins de fer et toute l’infrastructure pour une population en croissance.
Déjà aujourd’hui, les industriels allemands se plaignent d’une pénurie de main d’œuvre bien formée tout comme les nombreux touristes dans des villes comme Berlin doivent non seulement se servir eux-mêmes, mais aussi ranger leur vaisselle – faute d’une main d’œuvre prête à accepter les emplois souvent mal payés dans le tourisme et le secteur des services.
Il est évident que le Nord ne pourra plus se passer du Sud pour faire face à ces changements séculaires. Ou bien comme Jean-Louis Guigou, président du think-tank français IPEMED le préconise : L’Afrique, le monde méditerranéen et l’Europe doivent réussir leur intégration afin de créer un espace économique et politique fortement intégré.
Alors que beaucoup d’Européens craignent un renforcement des liens avec l’Afrique et la Méditerranée, pour Jean-Louis Guigou et l’IPEMED, l’intégration de cette grande région permet de lever un potentiel de croissance inouï.
« En valorisant la proximité et la complémentarité, en conjuguant la sécurité et le développement, en associant la régulation et l’innovation, l’enjeu est de défendre les intérêts à la fois européens, méditerranéens et africains », écrivent les auteurs de l’IPEMED dans leur rapport. « Pour les Européens il s’agit de ne pas tomber dans la stagnation séculaire promise par le vieillissement. Cela suppose de trouver des relais de croissance. »Or, ils existent dans le Sud.
Les Européens ne seront pas les seuls à profiter de cette intégration. Ce ne sera pas encore une fois que les Africains doivent se rendre à l’appel pour résoudre les problèmes des Européens – à leurs frais. L’Afrique profitera également d’une forte intégration de cet espace nord-sud. « Pour les Africains, il s’agit de sortir de la rente, de ne pas être pillés, de transformer sur place les immenses richesses du continent, afin de répondre au défi de l’emploi lié à l’explosion démographique. »
Si cette grande région réussit son intégration, alors elle peut connaître de nombreuses années de prospérité. Le Nord est obligé de développer ses systèmes de financement de la vieillesse. De cette manière, il pourra mettre à disposition le capital financier dont le Sud a besoin pour développer ses infrastructures et son appareil productif. De la sorte, les entreprises européennes trouveront dans le Sud les industries et la main d’œuvre dont elles ont besoin.
Il est temps de développer une stratégie de long terme pour la grande région Afrique-Méditerranée-Europe.