Le câbleur allemand Leoni vient d’inaugurer une nouvelle usine au Maroc et montre le chemin vers les futures relations entre l’Afrique et l’Europe : La coproduction sera de mise.
La société allemande Leoni, spécialiste du câblage des voitures, investit au Maroc pour y renforcer ses unités de production. Cette semaine Leoni Wiring Systems a inauguré à Bouznika près de Casablanca l’unité de production Ain Sebaâ 3. Plus de 3000 emplois directs y seront créés. « Nous avons mis en place avec Leoni un écosystème complet pour la création de 11.000 nouveaux emplois directs sur l’ensemble des sites au Maroc », a dit Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’investissement et de l’Économie numérique.
Leoni avait fermé Ain Sebaâ 3 en 2013 suite à des conflits sociaux. La réouverture de ce site porte à huit les sites de production de l’équipementier allemand au Maroc.
Cet investissement confirme l’intérêt grandissant des industriels européens pour l’Afrique. Suite aux taux de croissance élevés qu’avaient enregistré nombre de pays africains ces 15 dernières années, l’Afrique a attiré l’intérêt grandissant des investisseurs étrangers. Mais beaucoup de ces acteurs économiques se sont intéressés à l’Afrique juste en espérant d’ouvrir de nouveaux débouchés pour écouler leurs produits.
A notre avis, il serait erroné de vouloir réduire l’Afrique à un simple potentiel de vente. Notamment, en Afrique il s’agit de créer de la demande en investissant dans son industrie créant de la sorte les revenus qui justifieront ces perspectives de croissance.
A l’avenir, l’Afrique deviendra un lieu de co-production privilégié pour les industriels européens. Et bien plus : Selon les analyses de l’économiste français Jean-Louis Guigou, président du think-tank IPEMED et fondateur de La Verticale Afrique-Méditerranée-Europe, l’Afrique s’intégrera de plus en plus dans les chaînes de création de valeur en Europe. Grâce à ce mouvement de « coproduction » selon l’expression de Jean-Louis Guigou le continent africain deviendra un acteur entier de ce vaste espace économique.
Cette intégration économique entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe positionnera le Maroc en position de charnière entre les trois espaces. De plus, le retard que l’Afrique a pris dans son industrialisation est un des grands goulots d’étranglement qui freinent encore l’essor économique du continent africain. Cette intégration créera les emplois dont l’Afrique a tant besoin.
Leoni est un pionnier de ce mouvement en ayant créé des usines importantes en Tunisie et en investissant dans son outil de production au Maroc.
Le groupe allemand est un des grands équipementiers du monde automobile employant près de 79.000 employés dans le monde. Une voiture haut de gamme compte aujourd’hui 3km de câbles et environ 1500 prises de courant. L’essor des voitures électriques agrandira davantage les débouchés de Leoni. Au courant de la semaine, le groupe a annoncé de viser cette année un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros en hausse de 4,5% par rapport à 2016. Le bénéfice opérationnel, appelé EBIT dans le jargon des financiers, devrait passer de 78 millions d’euros en 2016 à 200 millions d’euros. Le cours de l’action a augmenté ces douze derniers mois de 78% pour atteindre actuellement 54,14 euros. Cela valorise l’action à 14,3 fois le bénéfice escompté pour 2017.